.................Nanou et les loulous, assistante maternelle sur Nîmes................

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Enfant de 3 à 5 ans


Développement de la personne

 


Par Marie Bérubé, psychologue

Bien que le développement soit un processus continu, de la conception jusqu’à la mort, il est constitué aussi de grandes étapes ou périodes, ayant chacune leurs lois, leurs constantes, leurs apprentissages privilégiés et leurs écueils quasi inévitables. Les premières années sont déterminantes pour le développement ultérieur de l’enfant. Affectivement, c’est à ce moment qu’il cimente la base de sa personnalité et des moyens qu’il utilisera par la suite pour continuer de se développer harmonieusement.

L'ÂGE DE L'ÉNERGIE

Entre 3 et 5 ans s’annonce une nouvelle étape. Maintenant qu’il contrôle davantage sa motricité, le langage, et qu’il se représente mentalement le monde qui l’entoure, il peut consacrer ses énergies à d’autres découvertes. Son regard s’ouvre sur un monde plus complexe, à la fois attirant et inquiétant.

L’enfant révèle de plus en plus son tempérament et il démontre très clairement à travers ses jeux, son imagination, les rôles qu’il invente, ses contacts avec les autres, enfants comme adultes, ce qu’il est vraiment et ce qu’il deviendra. Il est d’ailleurs plus conscient de lui-même, exprime son opinion et interroge constamment ses parents et les autres adultes. Il bouillonne d’énergie, semble infatigable, parle beaucoup et est avide d’apprendre. Il découvre, vers 4 ans, qu’il est un petit garçon ou une petite fille, et qu’il sera plus tard un papa ou une maman et que ce sexe ne changera pas.

Il s’intéresse d’ailleurs à la sexualité et démontre plus ou moins clairement sa curiosité selon l’accueil fait à ses questions. Lorsqu’il parle de lui, il utilise le Je. Les bases de sa mémoire future sont plus solides et certaines de ses expériences lui seront accessibles sous forme de souvenirs beaucoup plus tard.

Ainsi donc, il est prêt sur le plan moteur à multiplier les nouvelles habiletés et d’ailleurs il est toujours très fier de ses prouesses. Si on le valorise, il acquerra une confiance en lui remarquable, laquelle sera une base appréciable pour tous les apprentissages des prochaines étapes.

Dorénavant, il peut parler et jouer avec les autres enfants de son âge, même si son comportement est fortement centré sur lui-même jusqu’à l’âge de 4 ans. Il adore prendre des initiatives, essayer de faire tout seul, assumer de petites responsabilités. Comme il peut maintenant mieux comprendre ce qu’on lui explique, le support, l’encouragement et les conseils de l’adulte sont accueillis avec une grande réceptivité.

CE QUI POUSSE ET CE QUI RETIENT

À 3 ans, dépendamment de ses expériences passées, de son attachement à ses parents, donc de sa sécurité, de sa confiance en lui et dans les autres et de son assurance, il aura tendance à foncer, à multiplier les occasions d’apprendre ou, au contraire, il s’arrêtera, freiné par les exigences des adultes, leurs peurs et dès lors les siennes. L’enfant est maintenant partagé entre le goût d’essayer et la peur d’échouer.

Il y a ici de grandes différences entre les enfants. Certains, plus impulsifs, contrôlent très peu la légitimité de leurs actes. Ils n’anticipent pas les conséquences et peuvent agir à tort ou à travers. D’autres, au contraire, sont tellement inhibés et se contrôlent tant, qu’ils n’agissent jamais. Ces derniers sont timides, si effacés qu’on peut à juste titre craindre pour leur sens de l’initiative. Tous ces enfants ont besoin d’une certaine aide, dans le premier cas pour apprendre à réfléchir avant d’agir et, dans l’autre, pour apprendre à agir sans trop s’arrêter.

Tout enfant devrait être aidé dans le sens de l’action, poussé s’il le faut à essayer par lui-même. La peur constante de se tromper, d’échouer, le sentiment d’infériorité et de culpabilité dénotent un refoulement important. La surprotection parentale est malheureusement parfois l’explication du problème. À long terme, un tel manque d’initiative et du sens profond de sa valeur en tant qu’être humain peut conduire à de graves difficultés d’adaptation, à des troubles de la personnalité, à l’anxiété chronique, aux maladies psychosomatiques et aux problèmes caractériels. Ces enfants deviennent à leur tour des adultes peu sûrs d’eux, ayant parfois un complexe de supériorité qui masque leur peu d’estime pour eux-mêmes, et des parents rigides, intolérants, répressifs, davantage préoccupés par la critique et la punition que par les aspects positifs de leurs enfants et leur valorisation.

LA RESPONSABILITÉ PARENTALE

C’est donc pendant la tendre enfance que se construit ce sens si important de l’initiative. Les parents, c’est évident, sont sur la ligne de feu. Un enfant ne se développe pas tout seul, ni dans la peur ou la répression, ni dans l’indifférence et l’absence. Un enfant apprend par l’exemple, par l’imitation et par l’enseignement (à la maison). Il a besoin d’aide, de cadres comme d’une liberté relative pour agir. On ne doit pas le surveiller ou le superviser constamment. Il a besoin de faire ses propres erreurs.

Les enfants les plus équilibrés au niveau de l’estime d’eux-mêmes sont ceux qui ont des rapports chaleureux avec leurs parents. Ces parents sont intéressés au progrès de leur enfant, à ses opinions et à ses activités. Ces parents insistent davantage sur la récompense et les aspects positifs. Ils utilisent peu ou pas du tout la punition et, s’ils le font, il s’agit surtout d’une punition adaptée aux circonstances. Par exemple, si l’enfant a sali le plancher de la cuisine avec ses bottes, il devra le nettoyer.

Les enfants manifestant peu d’initiative et ayant une faible estime d’eux-mêmes ont au contraire des parents peu attentifs à leurs activités, souvent hostiles et sévères et écoutant peu leurs idées. Ces parents sont punitifs, rigides, très contrôlant des faits et gestes des enfants et laissent souvent planer la menace du retrait de leur amour si l’enfant ne se conforme pas aux ordres. Ces parents négligent également de remarquer ce qui est positif dans les agissements de leurs enfants.

Par contre, la permissivité trop grande peut entraîner d’autres genres de difficultés. Les initiatives de l’enfant risquent de se transformer en comportements et attitudes malfaisantes de l’enfant-roi.
Les parents ont la responsabilité de faire comprendre à l’enfant, par des interventions adéquates, que l’énergie mal canalisée peut aboutir à des conséquences néfastes. L’enfant doit intégrer à la fois la capacité de se fixer des buts et d’agir, et celle de prévoir les conséquences de ses actions.

 

L’identité sexuelle : qu’en est-il du complexe d’œdipe ?

Très tôt, on remarquera que le petit garçon et la petite fille manifestent très différemment leur énergie. Question de différences innées, d’éducation ou de culture, l’enfant comprend très tôt qu’il y a des particularités à chaque sexe. À 3 ans, il manifeste sa curiosité par rapport à ces différences. Il remarque qu’il est comme papa ou comme maman, même si en même temps ce n’est pas tout à fait pareil non plus.

À 4 ans, il comprend que son sexe est une chose stable qui ne changera pas. Il commence donc à s’identifier au parent de même sexe et à l’imiter. Comme il aime ses deux parents, il désire en même temps plaire à l’un et être comme l’autre.

Qu’en est-il au juste du complexe d’Œdipe ? En fait, cette notion très freudienne est peut-être beaucoup moins importante qu’on ne le prétend. Par contre, ce qui est très capital, c’est l’identification de l’enfant.

La petite fille et le petit garçon sont conscients très tôt, comme nous venons de le voir, de leur sexe. S’il n’est pas rare qu’un enfant vers 3 ans s’intéresse particulièrement au parent de sexe opposé (Quand je serai grand, je vais me marier avec toi!), il ne faut pas y voir autre chose qu’un attachement normal et une prise de conscience de son identité sexuelle.

L’enfant, en fait, est un être sexué et, à travers cette attirance, il manifeste son orientation sexuelle future, sa préoccupation pour les différences. Selon Freud, tout cela ne va pas sans conflit, crainte de représailles et débouche finalement sur l’identification au parent de même sexe et le renoncement au parent de sexe opposé. Si tout cela est discutable, par contre on ne peut nier les intérêts de nature sexuelle de l’enfant de 3 à 5 ans. Les conversations, les jeux pour voir, comme jouer au docteur, le désir parfois d’appartenir à l’autre sexe, traduisent de saines préoccupations.

Il en va de même pour la masturbation : l’enfant découvre son sexe comme il a découvert sa main ou son pied. Souvent, c’est l’attitude de l’adulte qui rend la chose beaucoup plus problématique qu’elle ne le devrait. À trop insister parfois, on va inciter... Occuper l’enfant à autre chose, lui enseigner à se comporter de telle ou telle façon en public, lui permettre une certaine intimité sont des attitudes beaucoup plus indiquées qui auront le mérite de ne pas trop favoriser un sentiment de culpabilité paralysant et infériorisant.

 

PRÊT POUR DE NOUVEAUX DÉFIS

L’enfant qui réussit sainement à traverser cette période va développer une grande estime de soi. Il sera un être responsable qui va prendre comme modèle le parent de son sexe auquel il s’identifiera avec fierté. Par contre, l’enfant culpabilisé sera peu capable de s’épanouir et d’aborder la prochaine étape qui est celle de la préparation à la vie adulte. En effet, les années qui vont suivre sont des années d’apprentissage (école), de réalisation et de préparation immédiate à cet avenir qui se rapproche.

Si l’attachement aux parents se modifie avec l’âge, il n’en demeure pas moins que, très longtemps, l’enfant et même l’adolescent ont besoin du lien privilégié qui, discrètement, amène protection, chaleur, confiance et respect. Dans un tel climat, l’enfant ne peut que se sentir accepté, apprécié pour ce qu’il est et poussé à devenir quelqu’un, c’est-à-dire justement ce qu’il est au fond de lui même.

 

Les attitudes parentales qui favorisent l’esprit d’initiative

  • Préservez votre intimité et apprenez à l’enfant à développer la sienne. Faites comprendre à votre enfant que, même s’il occupe une place importante dans votre famille, il doit respecter votre vie conjugale. Posez vos limites avec douceur et fermeté, même si cela fait vivre de la frustration à l’enfant.
  • Permettez-lui d’apprendre à vivre et tolérez les émotions plus difficiles. Ne cherchez pas à tout prix à lui éviter la peine, la peur, la colère. Par exemple, ne vous précipitez pas à l’animalerie pour remplacer tout de suite un petit compagnon mort ou ne lui ouvrez pas le lit conjugal parce qu’i la fait un mauvais rêve. Il faut bien sûr consoler, rassurer, mais aussi lui permettre d’apprivoiser des états émotionnels plus difficiles afin de le préparer à se prendre davantage en charge.
  • Ne dramatisez pas les erreurs, les accidents, les échecs. Ils font partie des apprentissages et des ajustements nécessaires. Pour développer son sens de l’initiative, aidez-le à tourner la page en saisissant l’enseignement que ces résultats contiennent. N’oubliez pas de valoriser les bons choix, les réussites.

Permettez-lui de faire des choix, dans la mesure de ses capacités. Ne ridiculisez jamais une initiative qui tourne mal ou une question. Préoccupez-vous de son estime de soi en en évitant de dévaloriser sa personne, ses choix, son attitude et ses comportements.

 


05/05/2013
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