.................Nanou et les loulous, assistante maternelle sur Nîmes................

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Enfant de 0 à 2 ans


Eveil

 

 

Le développement affectif de l’enfant de 0 à 2 ans

Par Marie Bérubé , psychologue

Les dernières années nous ont apporté beaucoup de discussions autour de l’existence de l’instinct maternel. Comme d’ailleurs autrefois, tout ce qui entourait la naissance d’un enfant concernant surtout la souffrance de la mère... Questions qui ont sans doute eu leur très grande importance dans notre cheminement en tant qu’hommes et femmes et dans l’humanisation de l’assistance aux parents lors de la naissance d’un enfant. Mais qu’en est-il de « l’instinct » de l’enfant, qui lui n’a pas à rationaliser ses attitudes d’enfant, ou ses besoins, car il en serait bien incapable ? Qu’en est-il de sa souffrance à lui lorsqu’il arrive fragile et sans défense...

Nous allons, dans ce court article, parler des besoins de l’enfant sur le plan affectif, et de l’importance d’une présence aimante et disponible tout près de lui.

LES DEUX PREMIÈRES ANNÉES, UN MOMENT CRITIQUE

La nature donne au bébé naissant une apparence de vulnérabilité qui entraîne la plupart du temps chez l’adulte un comportement de protection et de prise en charge. Le bébé est de toutes les créatures celle qui est la plus inachevée à la naissance. Il a, en quelque sorte, besoin d’un « utérus social » pour en arriver à développer ses premières habiletés. À sa naissance, il ne possède en effet que quelques réflexes (entre autres la succion lorsqu’on lui présente le biberon ou le sein) et qu’un seul moyen pour exprimer ce qu’il ressent soit ses pleurs.

L’enfant est un être d’apprentissage. Et qui plus est, il doit recevoir sur le plan affectif satisfaction à ses besoins pour être capable d’apprendre et de se risquer dans l’exploration de son environnement, tout en se fiant à la certitude d’une aide appropriée, si un danger se présente. Les deux premières années de sa vie constituent à cet effet un moment critique, tout comme il ne saurait survivre à un manque de soins alimentaires ou physiques.

La relation à la mère commence bien avant la naissance. Déjà se forge la force et la générosité du lien qu’une femme établira avec son enfant. Déjà ses attitudes et ses comportements, ses pensées et son affectivité témoignent de cette présence nouvelle ou n’en tiennent pas compte. Déjà sont révélées les difficultés à venir, ou les ressources potentielles. Nous vous référons à ce sujet à nos articles Avoir un bébé ou vivre avec un bébé et Le monde de l’enfant qui va naître).

La capacité d’aimer d’un être humain fait son apparition très tôt dans la vie. Sa façon d’entrer en relation avec autrui, la sécurité qu’il ressent lorsqu’il a à vivre seul certaines expériences (être gardé, entrer à l’école...) dépendent du degré de confiance qu’il a envers les personnes (père et mère) qui s’occupent le plus immédiatement de lui.

Le bébé arrive au monde sans aucune connaissance des règles qui régissent le monde. Il sort d’un univers où tout besoin était comblé avant même d’être ressenti. Les frustrations biologiques les plus élémentaires ne lui seront donc pas épargnées (air trop sec, froid, chaleur, faim, soif, inconfort, fatigue), l’attente non plus et parfois même une sévérité, une rigidité parentale très inappropriée.

PEUT-ON GÂTER SON BÉBÉ ?

Certains parents, sous prétexte de ne pas « gâter », de donner des bonnes habitudes de vie, vont empêcher toute indulgence, toute tolérance, toute affection envers un être si démuni socialement. Les habiletés sociales pourtant se développent, comme les habiletés physiques, à condition d’être nourries. Et c’est la sécurité émotive donnée par un contact humain ouvert et aimant qui permet de bâtir une relation, de se faire une idée du monde à découvrir et qui constitue la base de l’identité ultérieure. L’enfant pourra donner son affection, s’il a connu ce que c’était que de la recevoir.

On ne peut pas « gâter » un bébé à lui répondre quand il nous parle à sa façon. On peut juste lui montrer que l’amour existe gratuitement. Si on ne le berce pas à 4 mois, quand le ferons-nous ? Le voudra-t-il encore quand il sera plus vieux, surtout s’il n’y a jamais goûté ? Les bébés, comme les adultes, et bien plus encore, ont besoin de chaleur, de contact. C’est à l’intérieur de ces contacts qu’il apprend à gazouiller, à sourire, à bouger, à prendre, à examiner. Plus on répète ces contacts, plus il s’exerce et se perfectionne dans ses habiletés, dans l’acceptation, la confiance et, par conséquent, l’estime future de lui-même.

Le bébé trouve en sa mère et en son père, dans leur présence et leur attention, sa motivation à progresser. Suivant l’attitude de ses parents, il apprendra la confiance ou la méfiance. S’il opte pour la méfiance, tous les autres aspects de son développement pourront en être teintés. Toutes ces réactions pourront en être affectées et ce de façon déterminante.

L’ATTACHEMENT

L’attachement est une étape décisive du développement. Les règles peuvent attendre un peu ou être à la portée de l’enfant si c’est possible. Les parents ont un grand rôle à jouer (ce sont eux les adultes) et, plus ils réagissent avec amour, de façon fiable et constante, meilleures sont les chances que l’enfant puisse plus tard établir des relations solides avec les autres, être généreux et bien réagir aux autres adultes (professeurs, moniteurs, etc.).
Les recherches en psychologie ont démontré que plus l’attachement est fort avec les parents, plus les enfants sont amicaux à la garderie ou à l’école avec les autres enfants.

Ces enfants-là aussi sont beaucoup plus confiants, curieux, explorateurs et ouverts aux expériences nouvelles. Tous les enfants cependant n’expriment pas leur sentiment de confiance et leur bien-être de la même façon. Alors qu’un bébé détendu pourra être souriant, bien manger et bien dormir, un autre bébé, en raison de son tempérament, pourra être beaucoup plus actif et manifester son bonheur d’une autre façon. Rappelons-nous que les bébés « moyens » n’existent que dans les livres et les cours de psychologie.

Il sera toujours temps, un peu plus tard, lorsqu’il sera plus éveillé, qu’il pourra comprendre et mieux s’exprimer, d’obtenir sa collaboration en ce qui a trait aux règles, en n’oubliant jamais son âge.

 

LES ATTITUDES PARENTALES À PRIVILÉGIER.
PAS DE MODE D’EMPLOI… SAUF QUE…

Quelles sont les attitudes parentales à privilégier ? Comme en toute chose, le « trop » est souvent, comme le « pas assez », néfaste à long terme. Un enfant trop confiant peut naïvement se fier à tout le monde ou développer une trop forte dépendance. Un enfant trop prudent peut avoir de la difficulté à s’abandonner ou même s’isoler dans le retrait.

Les recherches tendent à démontrer que les attachements ultérieurs se modèlent souvent sur les tout premiers attachements aux parents. Le défi des parents est donc d’apprendre à leur enfant que la vie n’est pas qu’une série de dangers, d’obstacles et de frustrations, mais qu’il doit aussi être capable de se protéger le cas échéant.
Évidemment, cet apprentissage devra se faire par des gestes, des attitudes, des comportements choisis. Vous en trouverez ici quelques exemples.

  1. La routine, la stabilité, le calme apprennent à l’enfant qu’il peut se reposer sur une base sécuritaire, une constance qui se manifeste jour après jour. Trop de changements, trop de mouvement, trop de stress (même positif) entraîneront des manifestations d’inconfort (pleurs, insomnie, difficultés au quotidien) et pourront à long terme jouer sur son caractère. Il ne s’agit pas, bien sûr, d’empêcher tout écart à cette routine, mais de ne pas exagérer. Autant la stimulation est nécessaire pour le développement, autant la sur-stimulation peut avoir un impact négatif et créer une dépendance à cette dernière, une incapacité à rester tranquille, à s’occuper lui-même sans la présence continuelle de distractions extérieures. Et c’est sans compter le stress que cela fait vivre à l’enfant.
  2. Un enfant n’a q’une façon de manifester ses besoins avant 8 ou 9 mois : pleurer, chigner, crier. Lui répondre ne le gâtera pas en soi. Par contre, le type de réponse peut donner de mauvaises habitudes. Par exemple, dormir avec bébé pour ne pas avoir à se lever constamment peut se transformer en caprice pour lui, surtout si vous ne souhaitez pas le faire jusqu’à 13 ans… Il faut répondre aux pleurs pendant les premiers mois, mais il est possible de rassurer l’enfant, de le réconforter d’une façon qui ne nous obligera pas à « défaire » plus tard les comportements que nous aurons conditionnés.
  3. Tous les enfants sont différents dans leurs besoins affectifs. Certains sont plus colleux que d’autres ou plus ou moins exigeants. C’est aux parents qu’il convient de trouver la façon unique de répondre aux besoins uniques de leur enfant afin qu’il puisse développer sa confiance en eux.
    L’insécurité des parents se transmet très facilement à l’enfant. Par exemple, lorsque la mère ou le père démontre de l’anxiété dès que leur enfant disparaît de leur champs de vision, cette dernière se transmet à l’enfant qui apprend lui aussi à paniquer à la moindre séparation. L’anxiété est un obstacle au besoin d’explorer son environnement et peut retarder son développement et, surtout, sa capacité à faire face aux obstacles et difficultés. En d’autres termes, on doit parfois favoriser une certaine séparation et laisser le petit faire par lui-même, ne pas tout lui éviter, tout en assurant une présence sécurisante.
  4. Dans le même ordre d’idées, l’enfant doit aussi apprendre à créer des liens avec d’autres personnes significatives : famille élargie, gardienne, éducatrice et amis. Ces rencontres sont autant d’occasions d’explorer de nouveaux comportements, de connaître des interactions différentes et d’augmenter sa confiance.

 

 

 


05/05/2013
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