.................Nanou et les loulous, assistante maternelle sur Nîmes................

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Les étapes chez l'enfant


Développement de la personne

 


Par Marie Bérubé, psychologue

Bien que le développement soit un processus continu, de la conception jusqu’à la mort, il est constitué aussi de grandes étapes ou périodes, ayant chacune leurs lois, leurs constantes, leurs apprentissages privilégiés et leurs écueils quasi inévitables. Les premières années sont déterminantes pour le développement ultérieur de l’enfant. Affectivement, c’est à ce moment qu’il cimente la base de sa personnalité et des moyens qu’il utilisera par la suite pour continuer de se développer harmonieusement.

L'ÂGE DE L'ÉNERGIE

Entre 3 et 5 ans s’annonce une nouvelle étape. Maintenant qu’il contrôle davantage sa motricité, le langage, et qu’il se représente mentalement le monde qui l’entoure, il peut consacrer ses énergies à d’autres découvertes. Son regard s’ouvre sur un monde plus complexe, à la fois attirant et inquiétant.

L’enfant révèle de plus en plus son tempérament et il démontre très clairement à travers ses jeux, son imagination, les rôles qu’il invente, ses contacts avec les autres, enfants comme adultes, ce qu’il est vraiment et ce qu’il deviendra. Il est d’ailleurs plus conscient de lui-même, exprime son opinion et interroge constamment ses parents et les autres adultes. Il bouillonne d’énergie, semble infatigable, parle beaucoup et est avide d’apprendre. Il découvre, vers 4 ans, qu’il est un petit garçon ou une petite fille, et qu’il sera plus tard un papa ou une maman et que ce sexe ne changera pas.

Il s’intéresse d’ailleurs à la sexualité et démontre plus ou moins clairement sa curiosité selon l’accueil fait à ses questions. Lorsqu’il parle de lui, il utilise le Je. Les bases de sa mémoire future sont plus solides et certaines de ses expériences lui seront accessibles sous forme de souvenirs beaucoup plus tard.

Ainsi donc, il est prêt sur le plan moteur à multiplier les nouvelles habiletés et d’ailleurs il est toujours très fier de ses prouesses. Si on le valorise, il acquerra une confiance en lui remarquable, laquelle sera une base appréciable pour tous les apprentissages des prochaines étapes.

Dorénavant, il peut parler et jouer avec les autres enfants de son âge, même si son comportement est fortement centré sur lui-même jusqu’à l’âge de 4 ans. Il adore prendre des initiatives, essayer de faire tout seul, assumer de petites responsabilités. Comme il peut maintenant mieux comprendre ce qu’on lui explique, le support, l’encouragement et les conseils de l’adulte sont accueillis avec une grande réceptivité.

CE QUI POUSSE ET CE QUI RETIENT

À 3 ans, dépendamment de ses expériences passées, de son attachement à ses parents, donc de sa sécurité, de sa confiance en lui et dans les autres et de son assurance, il aura tendance à foncer, à multiplier les occasions d’apprendre ou, au contraire, il s’arrêtera, freiné par les exigences des adultes, leurs peurs et dès lors les siennes. L’enfant est maintenant partagé entre le goût d’essayer et la peur d’échouer.

Il y a ici de grandes différences entre les enfants. Certains, plus impulsifs, contrôlent très peu la légitimité de leurs actes. Ils n’anticipent pas les conséquences et peuvent agir à tort ou à travers. D’autres, au contraire, sont tellement inhibés et se contrôlent tant, qu’ils n’agissent jamais. Ces derniers sont timides, si effacés qu’on peut à juste titre craindre pour leur sens de l’initiative. Tous ces enfants ont besoin d’une certaine aide, dans le premier cas pour apprendre à réfléchir avant d’agir et, dans l’autre, pour apprendre à agir sans trop s’arrêter.

Tout enfant devrait être aidé dans le sens de l’action, poussé s’il le faut à essayer par lui-même. La peur constante de se tromper, d’échouer, le sentiment d’infériorité et de culpabilité dénotent un refoulement important. La surprotection parentale est malheureusement parfois l’explication du problème. À long terme, un tel manque d’initiative et du sens profond de sa valeur en tant qu’être humain peut conduire à de graves difficultés d’adaptation, à des troubles de la personnalité, à l’anxiété chronique, aux maladies psychosomatiques et aux problèmes caractériels. Ces enfants deviennent à leur tour des adultes peu sûrs d’eux, ayant parfois un complexe de supériorité qui masque leur peu d’estime pour eux-mêmes, et des parents rigides, intolérants, répressifs, davantage préoccupés par la critique et la punition que par les aspects positifs de leurs enfants et leur valorisation.

LA RESPONSABILITÉ PARENTALE

C’est donc pendant la tendre enfance que se construit ce sens si important de l’initiative. Les parents, c’est évident, sont sur la ligne de feu. Un enfant ne se développe pas tout seul, ni dans la peur ou la répression, ni dans l’indifférence et l’absence. Un enfant apprend par l’exemple, par l’imitation et par l’enseignement (à la maison). Il a besoin d’aide, de cadres comme d’une liberté relative pour agir. On ne doit pas le surveiller ou le superviser constamment. Il a besoin de faire ses propres erreurs.

Les enfants les plus équilibrés au niveau de l’estime d’eux-mêmes sont ceux qui ont des rapports chaleureux avec leurs parents. Ces parents sont intéressés au progrès de leur enfant, à ses opinions et à ses activités. Ces parents insistent davantage sur la récompense et les aspects positifs. Ils utilisent peu ou pas du tout la punition et, s’ils le font, il s’agit surtout d’une punition adaptée aux circonstances. Par exemple, si l’enfant a sali le plancher de la cuisine avec ses bottes, il devra le nettoyer.

Les enfants manifestant peu d’initiative et ayant une faible estime d’eux-mêmes ont au contraire des parents peu attentifs à leurs activités, souvent hostiles et sévères et écoutant peu leurs idées. Ces parents sont punitifs, rigides, très contrôlant des faits et gestes des enfants et laissent souvent planer la menace du retrait de leur amour si l’enfant ne se conforme pas aux ordres. Ces parents négligent également de remarquer ce qui est positif dans les agissements de leurs enfants.

Par contre, la permissivité trop grande peut entraîner d’autres genres de difficultés. Les initiatives de l’enfant risquent de se transformer en comportements et attitudes malfaisantes de l’enfant-roi.
Les parents ont la responsabilité de faire comprendre à l’enfant, par des interventions adéquates, que l’énergie mal canalisée peut aboutir à des conséquences néfastes. L’enfant doit intégrer à la fois la capacité de se fixer des buts et d’agir, et celle de prévoir les conséquences de ses actions.

 

L’identité sexuelle : qu’en est-il du complexe d’œdipe ?

Très tôt, on remarquera que le petit garçon et la petite fille manifestent très différemment leur énergie. Question de différences innées, d’éducation ou de culture, l’enfant comprend très tôt qu’il y a des particularités à chaque sexe. À 3 ans, il manifeste sa curiosité par rapport à ces différences. Il remarque qu’il est comme papa ou comme maman, même si en même temps ce n’est pas tout à fait pareil non plus.

À 4 ans, il comprend que son sexe est une chose stable qui ne changera pas. Il commence donc à s’identifier au parent de même sexe et à l’imiter. Comme il aime ses deux parents, il désire en même temps plaire à l’un et être comme l’autre.

Qu’en est-il au juste du complexe d’Œdipe ? En fait, cette notion très freudienne est peut-être beaucoup moins importante qu’on ne le prétend. Par contre, ce qui est très capital, c’est l’identification de l’enfant.

La petite fille et le petit garçon sont conscients très tôt, comme nous venons de le voir, de leur sexe. S’il n’est pas rare qu’un enfant vers 3 ans s’intéresse particulièrement au parent de sexe opposé (Quand je serai grand, je vais me marier avec toi!), il ne faut pas y voir autre chose qu’un attachement normal et une prise de conscience de son identité sexuelle.

L’enfant, en fait, est un être sexué et, à travers cette attirance, il manifeste son orientation sexuelle future, sa préoccupation pour les différences. Selon Freud, tout cela ne va pas sans conflit, crainte de représailles et débouche finalement sur l’identification au parent de même sexe et le renoncement au parent de sexe opposé. Si tout cela est discutable, par contre on ne peut nier les intérêts de nature sexuelle de l’enfant de 3 à 5 ans. Les conversations, les jeux pour voir, comme jouer au docteur, le désir parfois d’appartenir à l’autre sexe, traduisent de saines préoccupations.

Il en va de même pour la masturbation : l’enfant découvre son sexe comme il a découvert sa main ou son pied. Souvent, c’est l’attitude de l’adulte qui rend la chose beaucoup plus problématique qu’elle ne le devrait. À trop insister parfois, on va inciter... Occuper l’enfant à autre chose, lui enseigner à se comporter de telle ou telle façon en public, lui permettre une certaine intimité sont des attitudes beaucoup plus indiquées qui auront le mérite de ne pas trop favoriser un sentiment de culpabilité paralysant et infériorisant.

 

PRÊT POUR DE NOUVEAUX DÉFIS

L’enfant qui réussit sainement à traverser cette période va développer une grande estime de soi. Il sera un être responsable qui va prendre comme modèle le parent de son sexe auquel il s’identifiera avec fierté. Par contre, l’enfant culpabilisé sera peu capable de s’épanouir et d’aborder la prochaine étape qui est celle de la préparation à la vie adulte. En effet, les années qui vont suivre sont des années d’apprentissage (école), de réalisation et de préparation immédiate à cet avenir qui se rapproche.

Si l’attachement aux parents se modifie avec l’âge, il n’en demeure pas moins que, très longtemps, l’enfant et même l’adolescent ont besoin du lien privilégié qui, discrètement, amène protection, chaleur, confiance et respect. Dans un tel climat, l’enfant ne peut que se sentir accepté, apprécié pour ce qu’il est et poussé à devenir quelqu’un, c’est-à-dire justement ce qu’il est au fond de lui même.

 

Les attitudes parentales qui favorisent l’esprit d’initiative

  • Préservez votre intimité et apprenez à l’enfant à développer la sienne. Faites comprendre à votre enfant que, même s’il occupe une place importante dans votre famille, il doit respecter votre vie conjugale. Posez vos limites avec douceur et fermeté, même si cela fait vivre de la frustration à l’enfant.
  • Permettez-lui d’apprendre à vivre et tolérez les émotions plus difficiles. Ne cherchez pas à tout prix à lui éviter la peine, la peur, la colère. Par exemple, ne vous précipitez pas à l’animalerie pour remplacer tout de suite un petit compagnon mort ou ne lui ouvrez pas le lit conjugal parce qu’i la fait un mauvais rêve. Il faut bien sûr consoler, rassurer, mais aussi lui permettre d’apprivoiser des états émotionnels plus difficiles afin de le préparer à se prendre davantage en charge.
  • Ne dramatisez pas les erreurs, les accidents, les échecs. Ils font partie des apprentissages et des ajustements nécessaires. Pour développer son sens de l’initiative, aidez-le à tourner la page en saisissant l’enseignement que ces résultats contiennent. N’oubliez pas de valoriser les bons choix, les réussites.

Permettez-lui de faire des choix, dans la mesure de ses capacités. Ne ridiculisez jamais une initiative qui tourne mal ou une question. Préoccupez-vous de son estime de soi en en évitant de dévaloriser sa personne, ses choix, son attitude et ses comportements.

 


05/05/2013
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Education

 

 

 


Marie Bérubé, psychologue

 

Le bébé de 2 ans est déjà une petite personne très présente dans la maison. Depuis qu’il marche, qu’il comprend le sens de plusieurs mots, il s’aventure de plus en plus dans un monde qui le fascine en raison des nombreuses surprises et découvertes qu’il promet. À 2 ans aussi, on commence à exiger de lui qu’il se plie à certaines règles. L’exemple le plus commun est l’apprentissage de la propreté (voir l'encadré plus bas).

À 2 ans, il expérimente avec hardiesse et témérité. Si l’étape précédente a été marquée par beaucoup de présence, de tolérance et de disponibilité, l’enfant est alors prêt à conquérir son autonomie avec beaucoup d’assurance et de confiance en lui. Chaque nouvelle découverte le renforce dans son désir de grandir et de faire.

En même temps, la relation avec ses parents se modifie. Pour le protéger de tous les dangers que sa curiosité pourrait entraîner, on doit souvent lui opposer un Non très ferme, déplacer vers les hauteurs les objets convoités, fermer à clé certains placards et lui retirer mille et un trésors si intéressants. À mesure que le bébé manifeste clairement ce qu’il veut, l’entourage devient donc plus exigeant. On doit le surveiller davantage et négocier de plus en plus avec lui.

La frustration est donc inévitable. Le non qu’on lui oppose entraîne de gros chagrins et parfois même des colères spectaculaires... Car l’enfant comprend maintenant le sens de l’interdiction. Le langage, le contact verbal s’est ajouté aux autres façons d’entrer en relation avec lui. Il se relie donc à l’adulte, non plus seulement par les soins et la proximité physique, mais aussi par la communication verbale.

À 2 ans, il commence également à prendre conscience de son importance ; il s’affirme de plus en plus. Il imite aussi énormément. Comment se surprendre alors que, frustré, peiné, il dirige son agressivité contre celui ou celle qui l’empêche de s’amuser à sa façon ? Il dit « non » lui aussi. Il s’oppose, il s’affirme...

Le bébé est alors beaucoup moins soumis et, pour ses parents, plus compliqué. Mais quel progrès extraordinaire pourtant. Il s’individualise ; il prend la mesure de son pouvoir et de sa volonté ; il devient une petite personne de plus en plus consciente d’elle-même et de la maîtrise qu’elle peut utiliser sur les choses ou même les personnes.

ENTRE LA FERMETÉ...

C’est ici que les parents auront un grand rôle à jouer pour canaliser toute cette belle énergie et cette autonomie nouvelle. Car cette dernière doit aussi s’exprimer autrement que dans l’opposition. L’estime de soi d’un enfant ne doit pas négliger l’estime d’autrui, ni la coopération. L’enjeu qui se joue ici est déterminant pour l’équilibre futur. Trop de sévérité, de fermeté, trop tôt, peut entraîner un contrôle excessif de l’enfant sur lui-même. On verra alors l’enfant devenir craintif, doutant de ses capacités, se référant constamment aux autres et surtout aux adultes pour se sécuriser et vérifier la validité de tous ses gestes, Bref, un enfant qui doute de lui, qui n’a aucune estime de soi et qui se conforme craintivement.

Un tel enfant sent qu’il n’est rien, qu’il ne vaut rien sans le regard approbateur de l’adulte. C’est l’enfant qui prétend et sent ne pas être capable tout seul et qui deviendra plus tard un adulte très préoccupé par le jugement des autres et peu capable de prendre des initiatives.…

... ET LE LAISSER-FAIRE

Par contre, le « laisser-aller » est tout aussi néfaste. L’enfant laissé à lui-même ne peut apprendre à se maîtriser. « Se sentant abandonné », il cherchera par tous les moyens à attirer l’attention, ne serait-ce que pour avoir le sentiment d’exister. L’attitude indifférente d’un parent peut entraîner beaucoup d’agressivité chez l’enfant. Il se sent mauvais et il le montre. Pour lui, le « laisser-faire » est un signe d’indifférence, de non-amour. Il a le sentiment de ne valoir rien. Alors, par son comportement inadapté, il nous indique qu’il cherche un encadrement quelconque, une preuve qu’on l’aime assez pour se préoccuper de lui.

Un tel enfant, si la situation n’est pas corrigée très tôt, ne peut acquérir la capacité de se contrôler lui-même, de se maîtriser. Adulte, il ne pourra pas non plus se prendre en charge ; il se méfiera des autres et aura peu ou pas confiance en lui-même.

LA VERTU EST AU MILIEU

Cette étape est donc très importante pour l’enfant. De l’attitude des parents dépendent l’adaptation future de l’enfant et sa préparation pour les prochaines étapes. Et cette attitude doit être faite à la fois de fermeté et de tolérance. C’est de ce mélange qu’est faite la véritable autonomie, la maîtrise de soi. L’enfant pourra ainsi développer ces deux attitudes envers lui-même et envers les autres. Il pourra acquérir cette sorte de liberté intérieure qui permet d’affronter le monde avec souplesse et confiance. L’identité future prend racine et s’édifie sur la maîtrise et non sur le doute de soi. L’enfant sent qu’il a les capacités pour agir sur son milieu, tout comme il peut admettre qu’il ne peut tout comprendre.

Il conviendra donc parfois de tolérer. Parfois on devra obtenir sa collaboration plutôt que de le forcer. Car employer la force, lui faire honte, sont des attitudes destructrices et irrespectueuses. Pourquoi vouloir soumettre l’enfant à tout prix ? Souvent le parent qui s’entête à « casser » le caractère d’un bébé est un adulte qui n’a pas réglé son propre problème d’identité et se sent menacé par la volonté d’un enfant.

Alors, pourquoi, parfois, ne pas céder à l’enfant, ne pas éviter de le confronter, pourquoi ne pas ruser un peu avec lui, pour obtenir sa collaboration ? Une personne doit-elle toujours dire oui, acquiescer servilement, se soumettre ? Un enfant est une personne. Il est très possible et très indiqué parfois de respecter sa volonté, de ménager sa fierté et de lui permettre de s’affirmer et de ne pas douter de lui-même.

 

  L’apprentissage de la propreté

C’est autour de la deuxième année qu’un enfant peut être entraîné à la propreté. L’attitude du parent est, ici aussi, de toute première importance. Beaucoup de jeunes parents tentent de conditionner trop tôt leur bébé à la propreté. Ils sont trop pressés. Le contrôle volontaire des sphincters n’est possible seulement que lorsque le système nerveux a atteint une certaine maturité fonctionnelle (ce qui arrive entre 18 mois et 2 ans). Avant ce moment, l’enfant ne peut pas agir volontairement sur la rétention ou l’élimination.

Intervenir trop tôt peut donc dégénérer dans une lutte éprouvante, pour le parent comme pour le bébé, et ce qui est plus grave, cette attitude peut renforcer le refus de se conformer à cet âge où, comme nous l’avons vu, le bébé cherche à affirmer sa volonté en s’opposant.

Si la propreté est obtenue par la force, la peur, le conflit ne sera pas vraiment réglé. Lors de la venue d’un autre enfant, par exemple, l’aîné pourra redevenir « sale ». Ou encore, son opposition se manifestera par une constipation chronique, avec peur ou refus d’aller à la toilette.

Il est important de comprendre ce qui se passe pour le bébé. Pour lui, être propre est contraignant. Il ne comprend pas toujours ce qu’on attend de lui. Alors que jusqu’à mainte nant, les changements de couches ont toujours été associés à des moments privilégiés et agréables, voilà qu’on lui signifie que la couche n’est plus l’endroit où il faut se laisser aller. Voilà qu’on l’immobilise sur un siège, l’empêchant de jouer et de bouger.

Rares sont les enfants qui deviennent propres d’eux-mêmes. Mais il faut avoir la patience d’attendre qu’il soit physiquement et psychologiquement prêt. Il faut, pour intervenir, qu’il ait eu la chance et le temps d’éprouver les sensations physiques asso-ciées à l’acte d’uriner et de déféquer. Il faut qu’on lui permette de voir, chez lui comme chez les autres, ce qui se passe : le laisser nu, le laisser voir faire un autre pour qu’il puisse plus facilement imiter.

Il ne faut pas l’inciter à la propreté par commodité, dégoût ou respect des convenances. Il est préférable de l’aider en le rendant fier de sa maîtrise, de le féliciter, augmentant ainsi son estime de lui-même. Avec sa collaboration, l’apprentissage de la propreté ne prendra que quelques jours. L’attitude parentale idéale en est une de fermeté en visant surtout l’obtention de la collaboration de l’enfant, mais d’une façon souple et chaleureuse, acceptant des oublis.Le bébé sera fier de grandir si on l’y encourage avec compréhension.

Finalement, la propreté la nuit s’obtient de la même manière. Si le soir, l’enfant va au lit avec une couche, il saisit très bien que vous ne lui faites pas confiance. Et, il y a très longtemps qu’il sait à quoi servent les couches... Nous avons ici un très bel exemple d’un double message...

 

CONSEILS POUR LA RÉUSSITE DE CETTE ÉTAPE

Évitez la punition physique.

Elle n’apprend rien à l’enfant. Si, à la limite, une petite tape peut faire comprendre le sens du Non, si ce moyen inadéquat est trop fréquent, il peut, à long terme, inciter l’enfant à la violence par imitation. Et surtout, il peut entraîner l’inhibition, la crainte et, très souvent, la rébellion. Il y a d’ailleurs des alternatives à la punition.

N’utilisez l’autorité qu’en des occasions sérieuses.

Si vous êtes souple et flexible la majorité du temps, votre enfant respectera d’autant plus facilement les limites que vous lui imposez pour ce qui touche à vos valeurs importantes.

Soyez attentif au rythme de développement propre à votre enfant.

Les livres donnent une idée du développement et de ses étapes, mais aucun enfant ne peut se réduire à une statistique.

Retenez enfin que les craintes des parents peuvent parfois entraver le développement. Veillez à ce que son environnement soit sécuritaire et laissez-le expérimenter par lui-même. On apprend de ses erreurs, tout comme de ses réussites.

CONCLUSION

Comme on peut le constater, un enfant de 2 ou 3 ans exige des parents davantage qu’un nourrisson. C’est à cet âge qu’il faut mettre des balises. Car n’oublions pas! Un enfant naît roi. Il nous appartient de lui faire réintégrer le monde des humains ordinaires par nos interventions éclairées.


05/05/2013
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Eveil

 

 

Le développement affectif de l’enfant de 0 à 2 ans

Par Marie Bérubé , psychologue

Les dernières années nous ont apporté beaucoup de discussions autour de l’existence de l’instinct maternel. Comme d’ailleurs autrefois, tout ce qui entourait la naissance d’un enfant concernant surtout la souffrance de la mère... Questions qui ont sans doute eu leur très grande importance dans notre cheminement en tant qu’hommes et femmes et dans l’humanisation de l’assistance aux parents lors de la naissance d’un enfant. Mais qu’en est-il de « l’instinct » de l’enfant, qui lui n’a pas à rationaliser ses attitudes d’enfant, ou ses besoins, car il en serait bien incapable ? Qu’en est-il de sa souffrance à lui lorsqu’il arrive fragile et sans défense...

Nous allons, dans ce court article, parler des besoins de l’enfant sur le plan affectif, et de l’importance d’une présence aimante et disponible tout près de lui.

LES DEUX PREMIÈRES ANNÉES, UN MOMENT CRITIQUE

La nature donne au bébé naissant une apparence de vulnérabilité qui entraîne la plupart du temps chez l’adulte un comportement de protection et de prise en charge. Le bébé est de toutes les créatures celle qui est la plus inachevée à la naissance. Il a, en quelque sorte, besoin d’un « utérus social » pour en arriver à développer ses premières habiletés. À sa naissance, il ne possède en effet que quelques réflexes (entre autres la succion lorsqu’on lui présente le biberon ou le sein) et qu’un seul moyen pour exprimer ce qu’il ressent soit ses pleurs.

L’enfant est un être d’apprentissage. Et qui plus est, il doit recevoir sur le plan affectif satisfaction à ses besoins pour être capable d’apprendre et de se risquer dans l’exploration de son environnement, tout en se fiant à la certitude d’une aide appropriée, si un danger se présente. Les deux premières années de sa vie constituent à cet effet un moment critique, tout comme il ne saurait survivre à un manque de soins alimentaires ou physiques.

La relation à la mère commence bien avant la naissance. Déjà se forge la force et la générosité du lien qu’une femme établira avec son enfant. Déjà ses attitudes et ses comportements, ses pensées et son affectivité témoignent de cette présence nouvelle ou n’en tiennent pas compte. Déjà sont révélées les difficultés à venir, ou les ressources potentielles. Nous vous référons à ce sujet à nos articles Avoir un bébé ou vivre avec un bébé et Le monde de l’enfant qui va naître).

La capacité d’aimer d’un être humain fait son apparition très tôt dans la vie. Sa façon d’entrer en relation avec autrui, la sécurité qu’il ressent lorsqu’il a à vivre seul certaines expériences (être gardé, entrer à l’école...) dépendent du degré de confiance qu’il a envers les personnes (père et mère) qui s’occupent le plus immédiatement de lui.

Le bébé arrive au monde sans aucune connaissance des règles qui régissent le monde. Il sort d’un univers où tout besoin était comblé avant même d’être ressenti. Les frustrations biologiques les plus élémentaires ne lui seront donc pas épargnées (air trop sec, froid, chaleur, faim, soif, inconfort, fatigue), l’attente non plus et parfois même une sévérité, une rigidité parentale très inappropriée.

PEUT-ON GÂTER SON BÉBÉ ?

Certains parents, sous prétexte de ne pas « gâter », de donner des bonnes habitudes de vie, vont empêcher toute indulgence, toute tolérance, toute affection envers un être si démuni socialement. Les habiletés sociales pourtant se développent, comme les habiletés physiques, à condition d’être nourries. Et c’est la sécurité émotive donnée par un contact humain ouvert et aimant qui permet de bâtir une relation, de se faire une idée du monde à découvrir et qui constitue la base de l’identité ultérieure. L’enfant pourra donner son affection, s’il a connu ce que c’était que de la recevoir.

On ne peut pas « gâter » un bébé à lui répondre quand il nous parle à sa façon. On peut juste lui montrer que l’amour existe gratuitement. Si on ne le berce pas à 4 mois, quand le ferons-nous ? Le voudra-t-il encore quand il sera plus vieux, surtout s’il n’y a jamais goûté ? Les bébés, comme les adultes, et bien plus encore, ont besoin de chaleur, de contact. C’est à l’intérieur de ces contacts qu’il apprend à gazouiller, à sourire, à bouger, à prendre, à examiner. Plus on répète ces contacts, plus il s’exerce et se perfectionne dans ses habiletés, dans l’acceptation, la confiance et, par conséquent, l’estime future de lui-même.

Le bébé trouve en sa mère et en son père, dans leur présence et leur attention, sa motivation à progresser. Suivant l’attitude de ses parents, il apprendra la confiance ou la méfiance. S’il opte pour la méfiance, tous les autres aspects de son développement pourront en être teintés. Toutes ces réactions pourront en être affectées et ce de façon déterminante.

L’ATTACHEMENT

L’attachement est une étape décisive du développement. Les règles peuvent attendre un peu ou être à la portée de l’enfant si c’est possible. Les parents ont un grand rôle à jouer (ce sont eux les adultes) et, plus ils réagissent avec amour, de façon fiable et constante, meilleures sont les chances que l’enfant puisse plus tard établir des relations solides avec les autres, être généreux et bien réagir aux autres adultes (professeurs, moniteurs, etc.).
Les recherches en psychologie ont démontré que plus l’attachement est fort avec les parents, plus les enfants sont amicaux à la garderie ou à l’école avec les autres enfants.

Ces enfants-là aussi sont beaucoup plus confiants, curieux, explorateurs et ouverts aux expériences nouvelles. Tous les enfants cependant n’expriment pas leur sentiment de confiance et leur bien-être de la même façon. Alors qu’un bébé détendu pourra être souriant, bien manger et bien dormir, un autre bébé, en raison de son tempérament, pourra être beaucoup plus actif et manifester son bonheur d’une autre façon. Rappelons-nous que les bébés « moyens » n’existent que dans les livres et les cours de psychologie.

Il sera toujours temps, un peu plus tard, lorsqu’il sera plus éveillé, qu’il pourra comprendre et mieux s’exprimer, d’obtenir sa collaboration en ce qui a trait aux règles, en n’oubliant jamais son âge.

 

LES ATTITUDES PARENTALES À PRIVILÉGIER.
PAS DE MODE D’EMPLOI… SAUF QUE…

Quelles sont les attitudes parentales à privilégier ? Comme en toute chose, le « trop » est souvent, comme le « pas assez », néfaste à long terme. Un enfant trop confiant peut naïvement se fier à tout le monde ou développer une trop forte dépendance. Un enfant trop prudent peut avoir de la difficulté à s’abandonner ou même s’isoler dans le retrait.

Les recherches tendent à démontrer que les attachements ultérieurs se modèlent souvent sur les tout premiers attachements aux parents. Le défi des parents est donc d’apprendre à leur enfant que la vie n’est pas qu’une série de dangers, d’obstacles et de frustrations, mais qu’il doit aussi être capable de se protéger le cas échéant.
Évidemment, cet apprentissage devra se faire par des gestes, des attitudes, des comportements choisis. Vous en trouverez ici quelques exemples.

  1. La routine, la stabilité, le calme apprennent à l’enfant qu’il peut se reposer sur une base sécuritaire, une constance qui se manifeste jour après jour. Trop de changements, trop de mouvement, trop de stress (même positif) entraîneront des manifestations d’inconfort (pleurs, insomnie, difficultés au quotidien) et pourront à long terme jouer sur son caractère. Il ne s’agit pas, bien sûr, d’empêcher tout écart à cette routine, mais de ne pas exagérer. Autant la stimulation est nécessaire pour le développement, autant la sur-stimulation peut avoir un impact négatif et créer une dépendance à cette dernière, une incapacité à rester tranquille, à s’occuper lui-même sans la présence continuelle de distractions extérieures. Et c’est sans compter le stress que cela fait vivre à l’enfant.
  2. Un enfant n’a q’une façon de manifester ses besoins avant 8 ou 9 mois : pleurer, chigner, crier. Lui répondre ne le gâtera pas en soi. Par contre, le type de réponse peut donner de mauvaises habitudes. Par exemple, dormir avec bébé pour ne pas avoir à se lever constamment peut se transformer en caprice pour lui, surtout si vous ne souhaitez pas le faire jusqu’à 13 ans… Il faut répondre aux pleurs pendant les premiers mois, mais il est possible de rassurer l’enfant, de le réconforter d’une façon qui ne nous obligera pas à « défaire » plus tard les comportements que nous aurons conditionnés.
  3. Tous les enfants sont différents dans leurs besoins affectifs. Certains sont plus colleux que d’autres ou plus ou moins exigeants. C’est aux parents qu’il convient de trouver la façon unique de répondre aux besoins uniques de leur enfant afin qu’il puisse développer sa confiance en eux.
    L’insécurité des parents se transmet très facilement à l’enfant. Par exemple, lorsque la mère ou le père démontre de l’anxiété dès que leur enfant disparaît de leur champs de vision, cette dernière se transmet à l’enfant qui apprend lui aussi à paniquer à la moindre séparation. L’anxiété est un obstacle au besoin d’explorer son environnement et peut retarder son développement et, surtout, sa capacité à faire face aux obstacles et difficultés. En d’autres termes, on doit parfois favoriser une certaine séparation et laisser le petit faire par lui-même, ne pas tout lui éviter, tout en assurant une présence sécurisante.
  4. Dans le même ordre d’idées, l’enfant doit aussi apprendre à créer des liens avec d’autres personnes significatives : famille élargie, gardienne, éducatrice et amis. Ces rencontres sont autant d’occasions d’explorer de nouveaux comportements, de connaître des interactions différentes et d’augmenter sa confiance.

 

 

 


05/05/2013
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